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Pourquoi un village à cet endroit ?
Pourquoi le nom de Saint Auban ?
Visite guidée
Saint Auban de pierre en pierre

Pourquoi un village à cet endroit ?


1- Le relief
  Au centre de la chaîne montagneuse des Baronnies, s’élève un promontoire rocheux qui attire immédiatement l’attention. A son sommet, une esplanade semi-circulaire n’est accessible que d’un seul côté, par l’Est…
L’insécurité de l’époque médiévale rend nécessaire la position élevée des villages qui assurait la défense et la protection des habitants.
2- L’hydrographie
   Le village primitif de Saint Auban est construit entre deux rivières, l’Ouvèze et le Charruis, situées en à pic du rocher et encaissées dans des gorges profondes… La population profite de l’eau vitale des rivières. Elle vit de la chasse et de la cueillette et commence à cultiver la terre.
3- Les voies de circulation
   On commence aussi à défricher et des chemins de communication sont créés :  Au Nord:(en bas à gauche) le chemin de Rosans
                À l’Est: (en haut à gauche) le chemin de Laborel et de Montauban
                À l’Ouest: (à droite) le chemin du Buis
Au Sud: (en haut) le chemin de Mévouillon.

   Saint Auban devient le point de convergence de ces axes de circulation et bénéficie de droits de péage, en particulier pour enjamber le pont de bois au-dessus de l’Ouvèze.
Ces chemins arrivent à la Porte Basse ou à la Porte Haute du village et permettent d’entrer et sortir du village fortifié. Saint Auban est un passage obligé et devient même un point de ralliement et un centre de résitance de la tribu des Médulles.
Ci dessus, Maquette du village au Moyen-Âge réalisée en 2009 par Gérard Guillier, architecte, pour les Journées du Patrimoine à Saint Auban à l’échelle 1/666 (21 cm = 140 mètres ).
Le site élevé du village lui a conféré de tous temps une position stratégique évidente. Observons les 4 tours de
la Maison Forte et le rempart formé par les façades Nord des maisons.


Pourquoi le nom de Saint Auban ?

D’après les archives de la Drôme, il est certain qu’en 1070, la contrée portait le nom de “Villa Medullis”, puis, en 1095 celui de “Castrum Medoilo”…
Toute la montagne environnante était très pierreuse et ressemblait à un amoncellement de ruines; d’où le nom de “Rioms”, et celui de “Castrum Sti Albani in Vallée Ruina” en 1310.
ci-dessus le Plan de Saint Auban de 1463.
   En 1544, Le village s’appelait “Sainct Auban” et en 1793 Saint Auban prit son nom actuel grâce au Saint patron Saint Alban. Celui-ci, originaire d’Orléans, passa sa vie en ermite dans la montagne de Lure, située dans le diocèse de Sisteron, sous Jean Ier, évêque de la ville.
Visite guidée :
promenade-découverte du patrimoine dans le village.

   Aujourd’hui, Saint Auban a gardé son aspect moyenâgeux. Sont encore visibles : la Porte Basse bien restaurée, le rempart de maisons, les tours de l’ancienne Maison Forte (château), les maisons hautes, serrées et imbriquées les unes dans les autres, les rues étroites et sinueuses, les soustets…. Autant d’éléments architecturaux qui caractérisent un parcellaire médiéval. Les Saint Aubanais d’aujourd’hui y vivent encore.


La Porte Basse :

“Tradition de la Mariée” …une coutume très curieuse a existé jusqu’en 1850.

Quand un jeune homme de famille notable, prenait femme à l’extérieur, il devait amener
son épouse près de la Porte Basse. Une bible était alors présenté par les femmes du village à leur nouvelle compatriote qui devait y placer la main en écoutant les bonnes paroles prononcées par la plus ancienne : “si tu ne vaux pas plus, ne vaille pas moins”, pour jurer de maintenir la bonne renommée du village.
(tiré du livre de l’Abbé Armand page 157)
  Le rempart était formé par l’enfilade des murs extérieurs des maisons qui étaient pratiquement “aveugles” (peu d’ouvertures), pour ne pas présenter de point de faiblesse.  
  
   La Maison Forte : 3 tours d’angle rondes, un donjon de forme carrée et un mur d’enceinte formaient la demeure des seigneurs. Ceux-ci, possesseurs des terres de Saint Auban, y vécurent ainsi que les Consuls, chargés de l’administration du domaine.     

 


A l’intérieur du village : un urbanisme médiéval


Saint Auban sur l’Ouvèze de pierre en pierre

Les pierres datées
 Lorsqu’on se promène dans le village, on peut lire au dessus d’une douzaine de portes des dates et des inscriptions qui sont les témoins de plusieurs siècles du XVIème au XIXème.
La pierre datée la plus ancienne porte l’inscription “1585 IB”. Elle se trouve sur le linteau de la porte de l’ancienne maison consulaire qui était le lieu de réunion des consuls, c’est à dire des administrateurs des terres de Saint Auban et les représentants de la communauté Saint Aubanaise qui les élisait avec l’assentiment du seigneur.
Le linteau de la porte de l’ancien hôpital date de 1613.
Dans le bas de la rue de Dragon, on peut lire “AB 1752” sur la première maison.
Sur la RD 546, près des anciennes Halles, l’ancien foyer polyvalent porte la date de 1763.
“LNSMR 1797” est visible sur une pierre d’angle d’une maison de la place Montferrane, située en face de la fontaine d’en haut qui, elle, date de 1860.
Quittons la place et rendons-nous devant le porche de l’église. Sur la clef de voûte du portail, on peut voir la date de 1870 qui correspond à la reconstruction du clocher.
D’autres pierres encore racontent des histoires fascinantes (Cf “L’histoire de Saint Auban, ancien village médiéval” La photographie à Saint Auban).
L’habitat
   Les habitations modestes sont les plus nombreuses à Saint Auban : ce sont des maisons bâties en pierre de pays, hautes, étroites, serrées, voire imbriquées les unes dans les autres, présentant une pièce par étage et peu d’ouvertures; en effet, en Provence, on veut se protéger du soleil et du froid. Certaines sont dotées d’un ancien étal qui montre qu’il s’agissait d’une maison d’artisan… Jusqu’à la fin du 19ième, artisanat et commerce étaient florissants à Saint Auban ( maréchal-ferrant, tanneur, sellier, sabotier, cordonnier, tisserand… boulangers, épiciers, bouchers, cafés, …).

   Quelques maisons bourgeoises et cossues sont remarquables.
On peut citer la “maison du notaire” actuellement propriété de la famille Gerber, caractérisée par une double porte d’entrée encadrée de pierres taillées et surmontée d’une clef de voûte. Les fenêtres y sont nombreuses, grandes et bien alignées.
 La maison de François Hector d’Albert de Rions montre une large façade aux côtés de la Mairie actuelle et une plaque commémorative rappelle l’engagement de cet homme valeureux dans la guerre d’indépendance des Etats-Unis au côté de l’Amiral de La Fayette.

   Au Nord-Est du village, près des Halles et jouxtant la Porte de l’eau, la “maison Sarrasine” fait l’angle du rempart qui protège Saint Auban. Cette maison d’habitation était dotée d’une bergerie transformée en salle de spectacles par feu son propriétaire Jean David. Musiciens, conteurs, chanteurs… troubadours du 20ième siècle, y sont venus pour un soir rappeler le passé médiéval de Saint Auban.

De la place Pékin, on peut jouir d’un panorama sur la vallée de l’Ouvèze où de nombreuses fermes sont disséminées. Au Nord-Ouest, on voqit le plateau des Mourres où 2 fermes exploitent les terres d’Aguzon. Au Nord, le Chatelard (construite en 1802), le Serre, la Truchière, la Galane et plus haut le Pouzet (ancien prieuré). Plus à l’Est, le quartier du Pont, la Ciresse (construite sur un monticule marneux), Douas, la Tuilière. Dans les prés à côté de l’Ouvèze, on remarque l’imposante ferme du Palais, Chantemerle, Grédelin et Saint Pierre (ancien prieuré) et plein Est les 5 fermes de Saint Roman.
Jusqu’au 19ième siècle, ces fermes n’étaient que des granges. Pour des raisons de sécurité, les exploitants habitaient à l’abri des remparts dans le village.

 

Les propriétaires des terres de Saint Auban du Moyen-Âge à la Révolution

Pons dit de Saint Auban
Famille des Mévouillon
Famille des Montauban
Famille des Adhémar
Famille des Pape, co-seigneurs de Montélimar et de Grignan.
Pons, appelé de Saint Auban, fut le premier seigneur de la terre en 1060, dans une charte de donation de l’église de Rioms. Lui et son frère Ripert étaient les fils de Percipie, dame de Poet en Percip.
Vers 1100, jusqu’en 1293 le domaine de Saint Auban se trouva aux mains des Mévouillon puis, des Montauban par transmisssion (mariage). Ces 2 familles domineront d’une part le Sud-Est de Saint Auban en direction de Séderon et d’autre part la vallée de la Haute Ouvèze jusqu’à Nyons et au-delà
C’est aux grandes figures des Barons de Mévouillon et de Montauban que la Région doit son appelation de “BARONNIES”, ces terres que se sont disputés les seigneurs et pour lesquelles ils ont guerroyé jusqu’à la perte de leur territoire. En effet, un arrêt du Conseil du Roi Louis XIII ordonna la démolition des murailles, châteaux et forteresses de Saint Auban, ….. leur chateau fut complètement détruit mais heureusement que les pionniers envoyés pour éxécuter cet ordre n’y mirent pas beaucoup d’empressement. C’est à cette circonstance que le village doit d’avoir conservé ses vieux remparts.
L’insécurité de l’époque médiévale rendait nécessaire la présence d’hommes de guerre sur ce territoire. N.B: il serait trop long ici de décrire les actions menées par ces seigneurs. Ils eurent tous une vie très mouvementée, située entre la grâce des Rois successifs et la jalousie de leurs ennemis pour leurs succès diplomatiques. Perçus comme pires escrocs par les uns, bons et magnanimes par les autres. Sévérité et éloges étaient mélangés pour leurs défauts et leurs qualités. (cf livre de l’Abbé Armand)
Sources
Archives de la Drôme
Livre Vert, manuscrit des évêques de Sisteron conservé à la Bibliothèque de Carpentras
Chroniques de l’Abbé Armand Imprimerie des missions africaines 1927.
Livre Saint Auban, ancien village médiéval de l’association “Photographie à Saint Auban” 1983
Vestiges et témoignages